Il est traditionnel de commencer l’année de CP par un projet de lecteur. Il visera à faire comprendre aux enfants l’intérêt d’apprendre à lire et à les motiver pour le reste de l’année… Pour certains élèves, la lecture n’a jamais eu beaucoup de place.
Pour ceux-là et pour les autres, nous allons nous poser un certain nombre de questions et y répondre à l’aide de situations concrètes ou d’albums de littérature de jeunesse. Ce sera un court projet parce que je ne veux pas qu’il me prenne trop de temps sur tout ce que l’on a à faire en début d’année. En même temps, il est nécessaire.
Tout d’abord un petit débat avec des questions en vrac (qui peuvent venir dès la première journée de classe)
– A quoi ça sert de savoir lire ?
– As-tu vu des adultes lire ?
– Quand ? Où?
-A quoi est ce que ça leur sert ?
– A quoi ça te servirai, à toi, de savoir lire ?
– Qu’est-ce qu’on peut lire ?
– Comment fait-on pour apprendre à lire ?
Que lit-on?
Je commencerai par leur poser cette question et recueillir leurs premières idées. Ensuite, nous chercherons ce que lisent les grands (frères, sœurs, parents, grands-parents). Enfin dans la classe d’abord puis dans la rue, lors d’une sortie (bibliothèque ou piscine, ou juste les abords de l’école) nous chercherons aussi à quels endroits sont les « écritures à lire ». Enfin, nous lirons ces livres :
Le kangourou n’aime que les livres de poche, les chauves-souris rigolent des histoires de vampires, le cheval préfère le journal des courses… Voici un superbe bestiaire grand format où l’on découvrira les goûts bien prononcés de chaque espèce en matière de lecture.
Ce livre nous donne des exemples très humoristiques plein de jeux de mots sur ce que lisent les animaux…
Où lit-on?
Lire c’est bien, mais au bon endroit, c’est encore mieux ! Parce que chaque lecteur se crée sa propre petite maison d’imagination rien qu’à lui. Mais où diable l’installer, cette maison ? Dans un lit, comme Lucie ? Dans le bus, comme Marius ? Ou dans un bain, comme Albin ?
Nous discuterons des différents endroits possibles pour lire puis je leur lirai ce livre afin d’enrichir le débat. Dans ma classe, les enfants peuvent lire sur une chaise, sur le tapis de regroupement, dans un petit coin (plusieurs sont installés avec tapis ou coussins ou pouf) ou encore dans la bibliothèque.
Nous avons réalisé un affichage avec les prénoms de la classe :
Pourquoi lit-on?
Dans le prolongement de la question « As-tu vu les adultes lire? »… « Que lisent-ils? et pourquoi faire? »
S’en suivra un affichage avec les images de Mini Loup qui nous présente quelques situations variées dans lesquelles nous pouvons avoir besoin de lire, à légender avec les enfants.
Livre à lire pour son humour sur l’utilité d’avoir toujours un bon gros livre sur soi 😀
Un jour Ernest, le petit lapin, trouva un livre et l’emporta chez lui. Son petit frère Victor, qui n’en avait jamais vu, lui demanda : « Un livre, ça sert à quoi ? » « Un livre, ça se lit », expliqua Ernest, « et si on ne sait pas lire, on regarde les images. Tiens, feuilletons-le ensemble. » Ils s’installèrent et ouvrirent l’album…quand tout à coup surgit un renard. Les livres peuvent-ils, à l’occasion, servir à se défendre ?
Qu’est-ce que lire?
Il s’agit ici de suivre la démarche de Mireille Brigaudiot ( Apprentissages progressifs de l’écrit à l’école maternelle) en théâtralisant plusieurs situations :
Distinguer « Lire », et « Décrire des images » : Montrer les images et ignorer le texte tout en racontant ce que l’on voit en semblant s’amuser, s’étonner… « Est-ce que j’ai lu? » Conclusion attendue : lire ce n’est pas raconter mais il faut regarder ce qui est écrit
Distinguer « Lire » et « Épeler » : Bien regarder le texte et épeler chaque lettre. Les enfants risquent de ne pas attendre la question pour nous dire que nous ne sommes pas en train de lire. Conclusion : Lire ce n’est pas donner le nom des lettres.
Identifier et caractériser une attitude de lecture silencieuse : Lire l’histoire silencieusement, en accentuant le mouvement des yeux qui suivent les lignes. Ici, bien entendu, les enfants n’entendent rien puisqu’on lit dans sa tête. Est-ce que j’ai lu? Difficile à imaginer mais oui la maîtresse a lu malgré ce silence qui les dérange.
Identifier et caractériser une attitude de lecture oralisée : Lire de manière oralisée, comme les élèves en ont l’habitude en maternelle (et dans leur famille, on croise les doigts). Là, oui, la maîtresse a lu (et va même lire le livre entier pour le plus grand bonheur de tous 😀 )
Que veux-tu lire?
Cette étape est la dernière du projet, celle où chaque élève construit son projet. Rien de bien compliqué encore une fois. En dictée à l’adulte chaque élève va soumettre son projet pour cette année. Par exemple : lire une histoire à sa petite sœur, lire le journal avec papa, pouvoir lire le programme télé, lire un livre sur les dinosaures…
Chaque projet sera écrit sur l’image d’un livre et chacun sera collé sur une grande affiche.
Il n’y a plus qu’à attendre que le temps fasse de nos petits apprentis des lecteurs chevronnés…
Et un super projet pour travailler les émotions autour d’un livre :
Ce livre permet donc de clore le projet mais aussi de le poursuivre grâce au classement des livres que nous lirons en lecture plaisir ou que nous étudierons tout au long de l’année. En effet, la chutre de ce livre permet de se rendre compte qu’un livre permet de rigoler, frissoner, pleurer, découvrir/explorer, rêver,… Cette liste peut bien entendu être étendue autant qu’on le veut.
Ainsi, sur des affiches, nous ferons le récapitulatif de tout ce qu’on a lu durant l’année.